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RETRANSCRIPTION DU COURS DE CINÉMA DONNÉ AU FORUM DES IMAGES

LE 26 NOVEMBRE 2021 PAR MATHIEU MOREL ET LÉOLO.

A l'époque de l'inclusion, du mouvement social et philosophique sex-positif, lorsqu'artistes, et militants LGBTQIA+++ cherchent parfois à définir l'homosexualité comme normalité et à faire entendre non pas leur différences, mais les points communs qu'ils peuvent avoir avec les hétérosexuels, ainsi que leur capacité à vivre de la même manière, à travers le mariage, la constitution d'une famille et du modèle social qui va avec, à l'époque où des productions comme Call me by your name de Lucas Guadagnino, choisissent de montrer l'homosexualité sous les traits de la pudeur ou de la « mignonnerie », là où douceur et émerveillement tendre suscitent l'attention, le box office ou les likes des adeptes du « cute » partout, du « kawai » comme on le dit dans la culture populaire japonaise – tous mignons, de jeunes homosexuels qui deviennent aussi populaire que les petits chatons adorés sur les réseaux sociaux, à l'époque où Disney s'empare de l'intérêt pour les communautés minoritaires et des « différences », en produisant une série à succès comme Love, Victor où le personnage principal, lui-même gay, n'hésite pas à monologuer pour nous expliquer qu'on peut être gay et mépriser les gays, leur communauté, leur culture passé et présente, qu'on peut être gay sans attrait pour le sexe débauché et surtout, qu'on peut être gay et vouloir d'une vie rangé avec un crédit, un chien et des gosses, american way of life, en affichant mépris pour ceux qui ne s'y plieraient pas à leur tour, à l'époque où la figure homosexuelle parvient à se faire accepter par le biais de charmant programme télé ou à travers le visage d'influenceurs, d'instagrameurs, là où les gays sont parfois (si ce n'est trop souvent) singés ou clownesques, toujours sympathiques, toujours créatifs, toujours de bons goût, toujours polis, toujours propres, toujours beaux, nous avons aujourd’hui choisi de chercher, de rechercher, de déterrer, de faire valoir, à travers les images, d'hier mais surtout, d'aujourd'hui, une autre forme d'expression de l'homosexualité.

 

Car il y a, une culture homosexuelle underground, déviante, qui fait fi de l'acceptation et cherche surtout à marquer sa différence, la revendique et provoque, attaque, en ce sens. Nous ne cherchons pas à dire que les gays appartiennent nécessairement au monde d'en dessous, mais plutôt à rappeler qu'il y a autant de points de vue qu'il n'y a de gays. Et que tous ne se reconnaissent pas forcément dans ce que Netflix, et TF1, et les hétérosexuels qui en forment le prisme voudraient bien montrer et accepter, de cette sexualité, croyant évidemment la connaître, la regardant d'un œil à la fois tendre et amusé. 

 

Nous aimerions alors citer le téméraire Brian Kinney dans la série à succès du début des années 2000 Queer as folk, qui balançait qu’il n’y avait finalement que deux types d’hétéros « , ceux qui disent du mal de nous en face, et ceux qui le disent dans notre dos ». Nous pensons, notamment par l'existence des films et artistes que nous présentons ici, que beaucoup de gays ne souhaitent pas forcément être inclus dans une société et un modèle qu'ils voient plutôt comme un problème .

 

« Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade. » disait Jiddu Krishnamurti, penseur indo-britannique. Alors qu'en est-il de l'inclusion et de la volonté d'appartenance ? Nous voulons rappeler que certains sont heureux d'appartenir à la marge et qu'il est insupportable d'être toléré et accepté sous conditions. 

 

L'impression soudaine que pour ne plus être persécuté, il faudrait ressembler à tout le monde et surtout, aux persécuteurs. Mais pourquoi ?

 

Alors par plaisir, peut être par simple esprit de contestation, pour être trublion et continuer de faire entendre (et voir) toute sortes de pensées, nous voudrions nous interroger...

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Là où l'on parle de mouvement sex-positif, consentit et sans risque, qui  s'empare aujourd'hui des réseaux, d'une certaine production cinématographique ou pornographique, nous pouvons nous souvenir de Guillaume Dustan (auteur de talent, transgressif, les années sida, plutôt adepte du sexe-négatif), Il écrivait dans son premier roman « je vais finir par mettre du sperme dans le cul de tout le monde et par me faire pareil. La vérité c'est qu'il n'y a plus que ça que j'ai envie de faire. Je veux me vautrer dans le foutre contaminé » et Cyril Collard, auteur et réalisateur des Nuits Fauves, d’ajouter « oui je traine sous les ponts, oui je me fais pisser dessus, par des inconnus et j'aime ça, oui je vous emmerde » et Christian Mora Moret, 20 ans aujourd'hui (dont nous verrons un film plus tard), quelques décennies après, de nous expliquer dans une partie du documentaire de Kendrys Legenty et Romain Palich qui lui est consacré, qu'il n'y a rien de mieux que de se faire éjaculer dans le cul, et qu'on recommence, jusqu'à la prochaine chlamydia. Et d'étayer avec excès, balayant d'un revers l'image de joli gentil gay qu'il pourrait véhiculer avec son visage angélique et juvénile, que 60% de la vie sexuel d'un passif, consiste à faire des lavements et Christian ne manque pas de se filmer durant la pratique, car non, les homosexuels, ne font pas vraiment l'amour comme les hétérosexuels. 

Mais alors pourquoi certains artistes font ainsi valoir un mode de vie et une sexualité aussi dangereuse ? Pourquoi sont-ils perçu transgressifs, dissidents, maléfiques ? Et aux yeux de qui ?

Du reste, et pour introduire le premier film que nous allons évoquer, nous voudrions dire, peut être encore par esprit de contestation, que là où l'on parle et défend le modèle de la famille homosexuelle, certains y voient un échec. Se marier, enfanter et s’abandonner à l'abnégation. Car le modèle familial est selon certains, celui du capital. La cible du capital et des industriels, ce sont les familles, car c'est aux famille qu'on vend le mieux. Ce qui amène parfois à douter du sursaut de tolérance à notre égard, puisqu'il se fait en parallèle d'une époque où le capital, enfin, assoit son pouvoir sur tout et sur tout le monde. Faisant des minorités une nouvelle branche de la majorité. Faisant des marges et des différences un argument de vente. « United colors of gays » « Venez comme vous êtes »

Ce qui nous amène au film d'un jeune réalisateur, Thibault Jacquin, qui jette un regard en biais, nouveau, qui analyse l'absorption de l'homosexualité, de la différence, de la marge, par le système, par le modèle et par le capital.

1 – L'attrait pour le mal

 

Notre sujet aujourd'hui s'est construit en « réaction », il ne constitue pas forcément un avis tranché, mais une réflexion que nous allons porter à travers le regard de jeunes, parfois très jeunes, cinéastes contemporains. Avec virulence, militantisme, avec provocation mais aussi, souvent, avec beaucoup d'humour et de dérision. L’idée n’est pas de rejeter et dénoncer les homosexuels dit « intégrés », mais de rendre hommage à tous les autres. Ceux du dehors, ceux de la marge. 

Nous avons appelé cette « course de cinéma » : « une idée du mâle » m.â.l.e. Car il y a dans la culture homosexuelle, dans le cinéma homosexuel et ses grands noms une récurrence, qui est l'attrait pour le mal, M.A.L.

Le cinéaste magicien Kenneth Anger, qui pratiquait son art comme on pratique une religion, une incantation ou une invocation, aimait les bad boys, les mauvais garçons et parmi eux les motards. Les types dangereux de son époque et de son pays (les années 60 et l'Amérique), s'habillaient de cuir et chevauchaient des mécaniques. Ils excitaient son imaginaire et aussi celui de l'artiste Tom of Finland, qui ne se lassait pas de les dessiner. Quels seraient l'équivalence en France en 2021, il n'y a qu'à aller dans les clubs de sexe gays pour voir que l'attrait pour le mal et les garçons dangereux existe encore. Puisqu'il n'est plus question de s'habiller comme des motards, mais comme des lascars, que certains - mal intentionnés - appèleraient des rackails, jogging, chaine lourde, cheveux très courts, le sexe homo qui cherche à ressembler à ceux là même qui les agressent, ceux là même qui écrivent et rappent leur homophobie. C'est l'attrait du mal, qui existait aussi chez Jean Genet et ses amours, en prisons. On pensera à Harcamone, et son film Un chant d'amour. Encore et toujours des bad boys. Un tueur, chez Alain Guiraudie. Des prostitués, des gars de la rue et des Zombies, chez Bruce la Bruce. Des voleurs, des cambrioleurs, des aigles de la route, voir des cafards, des pédophiles et des extra-terrestres invasifs, chez Gregg Araki. Les marins, les dockers, dans Querelle de Brest, de Jean Genet, adapté au cinéma par Fassbinder. Les mêmes marins dont on ne savait pas très bien s'ils frappaient, ou embrassaient, dans film de Kenneth Anger, Fireworks. Et Kenneth Anger, chapoté à l'époque par Jean Cocteau. Kenneth Anger, qui invoquait même des démons, qui invoquait même le diable en filmant un désir et une homosexualité appartenant entièrement, au maléfique. 

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L'attrait pour le mal,

toujours des bad boys.

Mais il y a des bad boys, qui le sont bien plus que d'autres. Poussé à son paroxysme, cette idée s'expose dans le travail de Geoffroy Christ de Denis et ses films, sensationnels au sens propre, expérimentaux. L'un s'appelle Why I want to fuck Djokhar Tsarnaev (pourquoi je veux baiser Djokhar Tsarnaev) condamné à mort, auteur des attentats de Boston, 3 morts et 264 blessés. (Film programmé dans le cadre du cycle Plus jeunes et plus beaux). Sur ce film, Geoffroy deDenis s'exprime ainsi :

« Tout d’abord sur le titre, Djokhar Tsarnaev m’est apparu alors que le montage était fini au 3/4, l’idée du film est venu de quelques flashs et de la colère ambiante. C’était au moment de la loi travail je crois, il y avait beaucoup de tensions (qui ont empiré ensuite). On a tourné avec le beau Nicolas en un jour. Puis durant le montage (8 mois facile, moi et mon mac dans le noir) il y a eu le 13 Novembre, Kim Kardashian qui se faisait enlever, le demi-frère de Kim Jong Un qui se faisait assassiner à coup de seringue par cette femme au t-shirt déclarant « LOL » qui croyait participer à un jeu télévisé. Ce genre de choses. J’ai volontairement absorbé le flux pour le réinjecter dans le film. Et au moment de choisir le titre, donc, Djokhar Tsarnaev se trouvait au carrefour de ce qui me préoccupait, une catastrophe conceptuelle en un nom : un terroriste mineur, tuant et mutilant des coureurs de marathon, avec un visage que les tabloïd ont immédiatement comparé à celui d’un membre du groupe One Direction. Il s’est retrouvé à la une de Rolling Stone, tel un Jim Morrisson de notre génération à nous. Sans oublier les gamines de tumblr en amour, plaidant pour qu’on le libère. Par ailleurs j’avais de l’empathie pour lui, on ne parle pas du grand frère qui l’a motivé, ni de ses origines tchétchènes, ni de la Tchétchénie. Et ce film non plus, on reste à la surface, dans l’absence de narration significative qui permettrait d’écrire un grand roman national. Mais on peut trouver ailleurs, autrement, Tsarnaev est un sujet d’étude et je ne serais pas capable de le résumer autrement qu’avec son nom. Ce ne sont que des pistes de dépliage, mais c’est en raison de ces associations d’idées que Tsarnaev s’est retrouvé là. Après il y a évidemment sa beauté, la beauté de l’image attachée à quelque chose de si grave, de si monstrueux. C’est aussi pour ça que le film est là, c’est sûr. C’est un truc vieux comme le monde, le désir gay dissident. Un truc négatif, antihumaniste, là dans Pompes Funèbres de Genet ou chez Mishima. Il y a dans mes films, en tout cas dans ceux que vous avez choisi, un lien entre la beauté et le sacrifice. »

Geoffroy a réalisé un autre film, qui s'appelle A permanent part of me. Il y exploite la voix d'un tueur en série, le tristement célèbre Jeffrey Dahmer, et met cette voix en relation avec des images, avec l'idée du désir et d'un désir de violence. Un film qui évoque sobrement mais sans équivoque, la part la plus sombre du désir et de la sexualité.

2 – Cruising/backroom

À la frontière, à la marge, juste à côté, auprès de tous, mais invisibles à l'oeil de ceux qui ne le savent pas, il y a les lieux de dragues, de rencontres. Ce qu'on appelle aujourd'hui les lieux de cruising. Et quoi de plus fort, comme symbole d'appartenance à la marge, que ces lieux publics, où se retrouvent les hommes, pour vivre leur sexualité et leur homosexualité, au nez et à la barbe de tout le monde, mais néanmoins caché. Car comme le dit si bien Guillem Beghpire, « les gens et surtout les hétéros, ne voient que ce qu'ils ont envie de voir »

Guillem est un jeune cinéaste franco-russe, dont vous avez vu un film court, en introduction de cette séance. Guillem est un très jeune artiste, vidéaste et auteur prolifique. Il écrivait, à propos des lieux de cruising :

« Il y a le carrousel du Louvres, les toilettes du Bazare hotel de ville et le parc des buttes chaumont, que connaissent bien les parisiens en chien. Chez mon père en Russie, il y avait le parking abandonné, « la terre aux pédés » comme il l'appelait. Comme une sorte de zone réservé. Personne de normal n'y va, les garçons y sont tolérés, en tout cas partiellement, selon le jour ou l'heure, tout le monde le sait, mon père le savait et j'en entendais parler, c'était une source de fantasme, infinité, c'est là-bas que j'ai fini par abandonner, ma virginité. Dans l'espace du rêve, il y a le Bois-des-oies-battées, les forêts des pédés. Tous ces lieux, dans chaque ville, dans chaque campagne. Il faut le voir pour le croire. Les mouchoirs et les capotes par terre, l'odeur de la pisse et de la sueur, les corps qui s'entre-choquent, les regards qui se croisent, qui s'appellent. On y parle jamais. On ne parle pas. Pas un mots. Que des regards, des gestes, des caresses et des envies, des pulsions. Là dehors, comme des bêtes. Il faut le voir. Ca pousse ici et là, partout dans le monde, des zones réservés au pédés. De tout petits pays, les pays des pédés. Et croyez le bien, dans ces pays à pédés, on trouve surtout, de la volupté. »

Ces lieux de dragues, qui ont été filmé et mis en scène par Alain Guiraudie dans L’inconnu du lac, Christophe Honoré dans Plaire aimer courir vite, Cyril Collard dans Les nuits fauves, Jacques Scandelari dans New York City Inferno, Fassbinder avec son célèbre Querelles, William Friedkin (Cruising) ou encore - même si l’on pourrait questionner de ce fait le sens d’une telle représentation de ces lieux avec le Shame (CQFD par le titre…) de Steeve McQueen, ou beaucoup plus récemment, Antoine Vasquez avec Et des ruines que tu me laisses (programmé au Silencio dans le cadre du cycle Plus jeunes et plus beaux). « Il existe des lieux où s’élabore un langage sans mots, une grammaire du désir qui résiste à la sujétion. » dit le réalisateur, à propos de son film.

 

Et voici un extrait mettant en scène le décor des backrooms, autre lieux de rencontres, en marge totale puisqu'interdit, ou au moins fortement déconseillés, aux femmes et aux hommes hétérosexuels. Un extrait de Bijou  - une vision très personnelle et féérique des clubs gays. Un film de Wakefield Poole, cinéaste, danseur, pornographe, militant et poète, ayant côtoyé les plus grands, de Harvey Milk à Andy Wharol, qui lors d'une interview qu'il nous avait accordé, nous décrivait les backrooms comme un lieu des possibles, de tous les fantasmes. Un lieu de fantaisie et surtout de rêveries. 

3 – Autoportraits

 

Mathieu Morel, qui a étudié le cinéma à la Fémis, travaillait à l'écriture du scénario de son film de fin d’étude Aussi fort que tu peux (que vous pourrez-voir demain à la séance de 21h), qui raconte l'histoire de deux jeunes garçons à la campagne, l'un s'abandonnant à une sexualité extrême et l'autre, très prude, glissant lentement par amour dans les mêmes affres que son ami, on l'a mis en garde. On lui a dit, « attention à ne pas montrer une image négative des homosexuels ». Et nous avons pensé, « pourquoi ? ». « Négatifs pour qui ? » Des personnages en souffrances, évoluant en misère, marginalisé et ainsi devenu autodestructeur, n'étaient à priori pas adéquat. Pourquoi ? Il n'avait rien inventé, juste décris et retranscrit. Des choses réelles. Et la réalité c'est qu'il y a beaucoup de noirceur, chez les jeunes homosexuels. Il y a beaucoup de solitude, beaucoup de peur, beaucoup de frustration, ce qui effectivement, en terme dramaturgique, tend vers des personnages a priori négatifs. 

En réponse à cette réflexion, il a choisi de rendre le film encore plus sombre. A travers ce geste, je comprend l'envie de provocation, l'excès même, que l'on retrouve chez certains de nos amis jeunes réalisateurs. Le désir de la marge. C'est peut être la réponse aux questions posées en introduction. 

Il ne faudrait pas montrer une mauvaise image des homosexuels... Nous avons beaucoup réfléchis à cette question. Pourquoi, lorsque nous sommes homosexuels, nous devrions nous présenter comme des anges. Chercher à plaire, à tout prix, chercher à se faire accepter des hétérosexuels ? On peut aussi choisir de se présenter comme ce que nous sommes, c'est à dire, différent.

Egalement à la Fémis, Mathieu a suivi une leçon donné par Nicole Brenez, sur l'autoportrait. Le premier exercice filmique de la Fémis consistant à livrer un court autoportrait. Pour cet exercice, il a été guidé par le cinéaste Jean-Gabriel Périot qui lui même, quelques années auparavant, avait réalisé un autoportrait. 

Conclusion / La marge totale

 

Pour conclure ; faire avancer notre idée de marge, vers la marge totale, nous aimerions vous proposer un film court et un extrait de film long. Tout deux très différents. 

 

Le film court s'intitule The feast of Stephen en référence bien sûr, à la fête religieuse, en France la Saint-Etienne. Un film du réalisateur et acteur James Franco, que l'on connait principalement pour ses apparitions dans Spider-man, Spring Breakers, Le monde fantastique d'Oz ou 127 heures. Beaucoup moins pour son travail de cinéaste et son intérêt étrange, quasi obsessionnel, pour l'homosexualité. Franco disait dans une interview à un grand magazine américain qu'il regrettait de ne pas être gay. Chose que nous trouvions absurde à une époque. Presque insultante. Nous avons ensuite visionné certains de ces films : Interior. Leather. Bar, où il met en scène les backrooms et la sexualité gays, par le prisme d'un autre film celui, de William Friedkin. Cruising ou en français, la chasse, d’ailleurs lui-même inspiré du film de Jacques Scandelari dont nous parlions précédement, New York City Inferno.

Puis son court métrage, The Feast of Stephen, donc, qui donnait une vision de l'homosexualité qui à l'époque, nous avait plongé dans une colère noire. Une vision sordide. Qui l'était d'autant plus, puisqu'elle venait d'un hétérosexuel. Nous pensons avoir compris avec le temps, mais aussi en préparant cette séance, l'humour et la provocation employée par James Franco, mais aussi son envie de faire valoir une homosexualité dérangeante, différente, en marge, juste pour faire chier. Cela posera évidemment la question de la légitimité, de la part d’un hétérosexuel, à s’approprier la rendivendication d’une subversion et d’une marge. Mais enfin, le film interroge, et est de ce fait profondément subversif.

Et enfin, pour conclure, les dernières séquences de Ma vraie vie à Rouen, long-métrage en found footage de Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Dans lequel nous suivons un adolescent qui choisi de filmer son quotidien et découvre son homosexualité.

A la fin du film, le personnage est souffrant. La solitude et la marge, propres aux jeunes garçons gays. Par un habile jeu scénographique, Ducastel et Martineau concrétisent la marge : c'est le bord d'une falaise, c'est l'envie de mourir, d'appartenir à un autre monde. Être à la marge la plus totale, en dehors du tout. Mais l'émouvante surprise de ce très beau film, c'est que les cinéastes nous y rappellent qu'à la marge, on peut trouver beaucoup de souffrances, mais on peut aussi trouver le bonheur, peut-être le plus total.

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BY HORSCHAMP | 2021

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