top of page

Rétrospective Howard Shore

Célèbre pour ses musiques des films de David Cronenberg et du Seigneur des anneaux, le compositeur Howard Shore est l'auteur d'une œuvre en équilibre entre grands ouvrages symphoniques et compositions expérimentales. Du 9 au 22 octobre 2017, la Cinémathèque française lui offre une rétrospective en sa présence.


« Comme compositeur, il faut apprendre à nouer un rapport de confiance avec le cinéaste, afin qu'il vous encourage à vous exprimer de manière personnelle, singulière, ambitieuse. Tout est question de coopération, de parti pris et de conviction. » Telle est la profession de foi de Howard Shore, l'un des musiciens les plus novateurs du cinéma contemporain. Dans le Canada des années cinquante-soixante, sa vocation est façonnée par plusieurs révélations successives, celle du jazz moderne, de la seconde École de Vienne, sans oublier le choc fondateur face à l'écriture de John Cage et Tōru Takemitsu. En 1975 à New York, Shore est propulsé directeur musical de l'iconique émission de télévision Saturday Night Live. En 1979, un copain d'adolescence de Toronto lui propose de mettre en musique son troisième long métrage. Le film s'intitule Chromosome 3, son cinéaste David Cronenberg. Pour Shore, c'est moins une proposition qu'un rendez-vous avec le destin. Chromosome 3 étrenne l'une des plus fascinantes et fusionnelles collaborations metteur en scène-compositeur de notre époque : quinze longs métrages à ce jour, dont une poignée de classiques (La Mouche, Faux-semblants, A History of Violence). À chaque film, Shore propose des solutions musicales originales aux obsessions organiques et génétiques du cinéaste : du saxophone free d'Ornette Coleman, cri intérieur du Festin nu, au lancinant sextet de guitares électriques de Crash, équivalence instrumentale aux magmas de métal et de chair. L'insolite « griffe Shore » installe la réputation du compositeur, doublée par celle de son studio high-tech, alors niché à New York dans le mythique Brill Building. Une image se forge, celle d'un expérimentateur à la pointe de la technologie, dont l'audace est autant celle du langage que des outils. Ce qui chatouille rapidement la curiosité d'autres metteurs en scène : Martin Scorsese avec After Hours en 1985, prélude à une collaboration qui prendra son envol dix-sept ans plus tard avec Gangs of New York, The Aviator, Les Infiltrés et Hugo Cabret. Puis ce seront Jonathan Demme (Le Silence des Agneaux, Philadelphia), David Fincher (Seven, The Game, Panic Room) ou Tim Burton (Ed Wood, bande originale ovniesque pour thérémine soliste sur rythmes afro-cubains). Il faut aussi citer, en 1999, la rencontre décisive avec Arnaud Desplechin sur Esther Kahn, avec une partition chambriste et répétitive, au lyrisme hypnotique. Réfractaire au formatage, Shore évite les écueils d'une esthétique illustrative et descriptive, ce qui fait de lui l'antithèse du compositeur hollywoodien. Et pourtant, paradoxalement, il se révèle Hollywood-compatible quand les circonstances l'exigent, le temps de Big ou Mrs. Doubtfire. À l'orée du XXIe siècle, un séisme majeur attend Howard Shore : l'invitation du Néo-Zélandais Peter Jackson à l'accompagner dans l'épopée du Seigneur des anneaux, triptyque hors proportion qui permet à un large public de découvrir les splendeurs de l'écriture de Shore, cette fois tournée vers l'épique et la magie, en alternance blanche et noire.


Cet hommage à la Cinémathèque française permettra de dresser le portrait d'un créateur cultivé, curieux et modeste : « Le cinéma est un art collectif qui implique des artistes comme le scénariste, le chef-opérateur, le monteur, le décorateur, le compositeur... Il faut être lucide : l'œuvre qui naît de leur collaboration est plus grande, plus vaste que chaque individu. »



bottom of page