MASTERCLASS VANESSA FILHO
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- il y a 4 jours
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DIALOGUE • CINÉMA
MERCREDI 5 NOVEMBRE 2025
STUDIO KREMLIN
Vanessa Filho sera l’invitée de HORSCHAMP et de La Kolok pour une masterclass au Studio Kremlin le 5 novembre, animée par Léolo Victor-Pujebet et Simon Courtois.
De Gueule d’Ange à Le Consentement, son cinéma explore la perception, la dépossession, la mémoire du corps et la lente émergence d’une parole. Cette rencontre reviendra sur son écriture sensorielle, la direction d’acteurs, la responsabilité du cadre et la question centrale de son œuvre : comment filmer la fragilité sans la détourner.

Vanessa Filho aborde le cinéma comme une expérience de perception avant d’être une construction de récit. À l’origine de chaque film, il y a une image insistante, une vision qui s’impose par sa durée, comme un souvenir qui demande à être compris. Elle parle de sensations qu’il faut élucider, d’impressions qui deviennent peu à peu des structures.
Ses film semblent naître de ce trouble, de cette nécessité de comprendre ce qui, dans la vie, s’est déposé sans explication. De là découle une méthode : filmer à partir de ce que l’on ressent, et non à partir de ce que l’on sait.
Son premier long métrage, Gueule d’Ange (2018), présenté à Cannes dans la sélection Un Certain Regard, témoigne de cette écriture intuitive et précise. Le film raconte la relation entre une mère et sa fille, mais ce récit, volontairement ténu, sert surtout de surface à un travail sur la perception. Vanessa Filho filme depuis le regard de l’enfant, sans lui donner les mots que l’adulte possède. Le monde y est déformé par l’attente, la peur, le manque. Les couleurs, les sons, la lumière. Tout ce qui appartient d’ordinaire au décor deviennent ici les éléments constitutifs d’une conscience. Rien n’est démontré, tout est éprouvé. Ce qui retient, c’est la manière dont la mise en scène avance à la vitesse d’une émotion : lente, hésitante, comme si le film se construisait à mesure qu’il tente de comprendre ce qu’il voit.
Avec Le Consentement (2023), adaptation du livre de Vanessa Springora, cette approche trouve une forme d’évidence. Le film est structuré autour d’une idée simple et rigoureuse : faire entendre la voix de l’agresseur jusqu’à ce que la parole de la victime puisse advenir. Ce choix, d’une grande clarté, n’est pas un procédé mais une pensée. Il donne au spectateur la mesure de la dépossession, puis du retour progressif du langage. La caméra, d’abord séduite et fascinée, s’éclaire peu à peu, jusqu’à ne plus chercher d’effet : il ne reste qu’un espace nu, où l’image se met au service de la parole retrouvée. Vanessa Filho ne filme pas la violence comme un choc, mais comme un état, un long travail de conscience. Le film ne cherche pas à juger, ni à protéger, mais à comprendre ce que signifie reprendre le contrôle de son propre récit.
La réalisatrice conçoit la mise en scène comme une pratique du corps. Chaque plan est pensé depuis une sensation. Le jeu des acteurs s’élabore dans un rapport d’écoute et de confiance, où la vérité ne réside pas dans l’intensité du geste mais dans la durée de son apparition. Elle travaille la lumière, le rythme, le son, avec une attention presque musicale. Son passé de photographe et de musicienne a laissé une empreinte visible : chaque image est rythmée comme une mesure, chaque silence possède sa propre densité.
Ce qui traverse ses films, c’est la question du regard et de la responsabilité qu’il implique. Filmer une émotion engage une position morale : choisir la distance, décider du cadre, savoir ce qu’on montre et ce qu’on laisse hors champ. La caméra n’est pas un instrument d’analyse, mais un lieu d’accueil. Elle cherche à capter le moment où la vulnérabilité devient forme, où la douleur trouve un rythme, où la perception devient connaissance.
La masterclass du 5 novembre au Studio Kremlin sera consacrée à cette recherche. On y parlera du passage de l’image à la parole, de la construction du point de vue, du travail avec les acteurs et de cette exigence qui traverse toute son œuvre : filmer avec justesse. Non pour réparer, mais pour comprendre. Pour donner à voir ce que la parole seule ne peut pas porter.
MASTERCLASS VANESSA FILHO
DIALOGUE • CINÉMA
MERCREDI 5 NOVEMBRE 2025
STUDIO KREMLIN
en partenariat avec La Kolok
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