L'HEURE PASSÉE AVEC DAMIEN MOULIERAC
- Rédaction

- 21 oct.
- 2 min de lecture
DIALOGUE • ART CONTEMPOTAIN
JEUDI 9 OCTOBRE 2025
STUDIO MAGMA
Pour sa seconde émission radiophonique en partenariat avec le Studio MAGMA, HORSCHAMP est heureux de convier le plasticien et scénographe Damien Moulierac. Une conversation avec Léolo Victor-Pujebet autour de la matière et de la mémoire, de l’enfance qui insiste, la main qui pense avant les mots, de la sincérité comme méthode et de l’amour, dernier motif et premier moteur.
Né dans le Sud-Ouest, grandi entre champs et forêts, Moulierac quitte la campagne pour Paris à dix-huit ans et entre aux Beaux-Arts. Depuis, son travail déplace des formes légères (ballons, matelas gonflables, avions de papier) vers des matériaux lourds : béton, céramique, métal, pour leur offrir une durée. Non pas fétichiser le souvenir, mais le tenir : ralentir ce qui passe trop vite, donner une densité à la tendresse, faire que l’éphémère laisse trace. Il se définit volontiers comme « poète de la matière » : un artiste pour qui l’atelier est d’abord un lieu d’écoute, où la main enregistre ce que la tête n’ose pas formuler.
Reviennent alors des épisodes qui éclairent le geste. L’accident, les poignets brisés, la clinique ; la main gauche qui réapprend l’écriture ; des poèmes composés en découpant les lettres des menus, un automatisme devenu méthode. L’enfance s’invite par une photo : deux ans, un oiseau sur l’épaule, dont la mémoire a déplacé les détails : point de départ d’une série sur ce qui persiste quand l’image trahit le souvenir. La mort du père « d’oubli » et ce que voir s’effacer transforme dans notre rapport aux traces : marbres gravés pendant les confinements (Tu m’oublieras, CDLT), un drapeau « RIEN » qui n’est pas provocation mais façon d’habiter le vide.
L’émotion est ossature. On parle de la sincérité comme discipline : détruire une pièce quand elle ment, attendre des années le trait juste, savoir quand une œuvre cesse enfin de réclamer. On parle d’amitiés et de collaborations qui composent un monde (Bonnie Banane, Rahim Redkar, Lucky Love), des rêves consignés depuis des années, parfois lucides, non tant pour les enfermer dans une interprétation mais pour leur donner forme. La psychanalyse affleure, discutée et reprise : un outil parmi d’autres, tant que la blessure peut quitter le diagnostic pour devenir matière.
Au présent, Moulierac travaille une grande fontaine de cœurs pour Guerlain, pensée comme circulation : les amours passées irriguent celles qui viennent. Et si « il n’y a pas de sujet plus important que l’amour », ce n’est pas un thème mais une méthode : rendre disponible, tenir, ne pas travestir. De tout cela se dégage une éthique simple : faire vrai, coûte que coûte. L’art n’explique pas, il dépose, il tient.
Une heure d'entretien avec des outils d’attention plutôt que des concepts : regarder ce qui persiste, écouter la main, accepter qu’une émotion puisse être une pensée. Et cette phrase qui pourrait servir de boussole : créer, c’est survivre à ce qui voulait disparaître, en lui donnant la patience d’une forme.
L'HEURE PASSÉE | HORSCHAMP x Studio MAGMA. Une heure pour entendre un artiste parler depuis l’endroit où il travaille vraiment : la matière, la mémoire, la main, et ce mot qui ramasse tout, l’amour.
CONVERSATION AVEC DAMIEN MOULIERAC
DIALOGUE • ART CONTEMPORAIN
JEUDI 9 OCTOBRE 2025
STUDIO MAGMA
événement réservé aux adhérents HORSCHAMP










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