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Masterclass - Ken Loach - VF

Mercredi 11 juin 2014 à 19h30, rencontre avec Ken Loach animée par Pascal Mérigeau au Forum des Images. Moins d’une semaine après sa venue au Forum, le 17 juin précisément, Ken Loach fêtera ses 78 ans. Ce sera un peu plus de trois semaines après que son nouveau film, Jimmy’s Hall, histoire irlandaise située dans les années 30, aura été présenté en compétition à Cannes. Cannes, dont il est un habitué depuis longtemps et où Le vent se lève, déjà une histoire irlandaise, lui valut de remporter la Palme d’or en 2006. Pourtant, cette actualité cadre médiocrement avec la personnalité de ce militant aux yeux de qui le cinéma est une arme de combat. « Donner la parole à ceux qui ne l’ont pas », voilà son ambition, et depuis ses débuts, il y a environ un demi-siècle de cela, il ne l’a jamais trahie.



Dès les années 60, avec Cathy Comes Home, réalisé pour la télévision, avec Kes, magnifique histoire entre un gamin solitaire et un faucon, il marque les esprits. Mais c’est avec Family Life (1971), saisissant portrait d’une jeune schizophrène prisonnière de son milieu familial, qu’il obtient une notoriété internationale. Par la suite, chaque nouveau film est un événement, et l’on se souvient notamment de Riff Raff, de Raining Stones, de Lady Bird.


En 1995, il réalise Land and Freedom, sur un épisode de la Guerre d’Espagne, qui marque sa rencontre avec Paul Laverty, depuis le scénariste de tous ses films. C’est avec lui qu’il part pour le Nicaragua (Carla’s Song, 1996), avec lui qu’il conçoit, entre autres, My Name is Joe (1998), Sweet Sixteen (2002), It’s a Free World (2007), sans doute une de ses plus belles réussites. En 2012, La Part des anges, comédie écossaise fortement imbibée de whisky, rencontre un très beau succès. Mais ne parler que du cinéaste Ken Loach équivaudrait à limiter fâcheusement une personnalité profondément attachante, celle d’un homme de convictions, fidèle, combattif, plein d’humour… et fêlé de foot.

Fils d'un ingénieur électricien, Ken Loach, brillant élève, étudie le droit à Oxford après avoir servi deux ans dans l'armée de l'air. Intéressé par l'art dramatique, il débute comme comédien avant de devenir en 1961 assistant metteur en scène au Northampton Repertory Theater. Engagé par la BBC comme réalisateur de téléfilms en 1963, il signe déjà des fictions en prise directe avec la société britannique, telles que Cathy Come Home. Héroïne de ces deux films, Carol White jouera d'ailleurs le rôle principal du premier long métrage de Loach pour le cinéma, Pas de larmes pour Joy en 1967, filmé dans un style réaliste qui sera la marque du metteur en scène.


Ken Loach connaît un succès critique et public dans son pays avec son deuxième opus, Kes (présenté à Cannes, à la Semaine de la Critique, en 1970), l'histoire d'un enfant qui oublie son quotidien difficile en apprivoisant un faucon, tandis que les cinéphiles européens saluent le glaçant Family Life (1972). S'il s'essaie au film en costumes avec Black Jack (1978), Ken Loach se consacre essentiellement au petit écran durant les années 70 - on lui doit notamment Days of hope, série-fleuve sur la classe ouvrière, son sujet de prédilection. Avec la chronique Regards et Sourires, il entre pour la première fois dans la course à la Palme d'or, même s'il devra attendre les années 90 pour s'imposer comme l'un des auteurs majeurs du cinéma européen.


Lucide et engagé, Ken Loach porte un regard chaleureux sur les laissés-pour-compte de l'Angleterre thatchérienne avec des œuvres comme Riff raff (1991) ou Raining stones qui lui vaut le Prix du jury à Cannes en 1993. Entouré de fidèles collaborateurs (au scénario, à la production), il offre à des comédiens peu connus des personnages forts qui débordent d'humanité : la mère combative de Ladybird ou l'alcoolique de My name is Joe - rôle qui permet à Peter Mullan d'obtenir le Prix d'interprétation à Cannes en 1998. Citoyen aux aguets, ce marxiste convaincu dénonce la privatisation du rail en Grande-Bretagne (The Navigators), l'exploitation des travailleurs à Los Angeles (Bread and roses avec Adrien Brody) et les préjugés raciaux post-11 septembre (Just a kiss).


Observateur précieux de la société contemporaine (comme en témoigne encore l'inoubliable Sweet sixteen en 2002), Loach se plaît aussi à revenir sur des épisodes marquants de l'Histoire récente : le régime nazi dans Fatherland, la Guerre d'Espagne dans Land and freedom, le mouvement sandiniste au Nicaragua dans Carla's song. En 2006, quinze ans après le thriller Hidden Agenda, il se replonge dans le conflit irlandais avec Le Vent se lève, nouveau film d'époque qui permet à ce cinéaste consacré et influent de décrocher une récompense qui lui a longtemps échappé : la Palme d'or au Festival de Cannes. Il passe ensuite du très noir It's a Free World (2007), amer constat sur la mondialisation (Prix du scénario à Venise en 2007) au plus léger Looking for Eric, présenté à Cannes en 2009, dans lequel ce grand fan de ballon rond dirige l'icône du football français Eric Cantona. Après ce détour par la comédie sociale, il revient l'année suivante avec Route Irish, qui traite d'un sujet plus grave : la place grandissante des sociétés de guerre privées dans les conflits d'aujourd'hui. Ce film, de nouveau en sélection à Cannes, ne fait que précéder une énième venue du cinéaste sur la Croisette, pour la présentation en Compétition de la comédie La Part des Anges en 2012, qui suit une bande de jeunes défavorisés sur la route des whiskys d'Ecosse. Deux ans plus tard, c'est en Irlande que Ken Loach nous emmène, pour le drame historique Jimmy's Hall. Ce dernier long-métrage retrace le parcours de Jimmy Gralton, leader communiste irlandais qui s'exila aux Etats-Unis en 1909, avant de revenir dans son pays et d'y créer un dancing en 1921. Le film, co-écrit avec Paul Laverty, fait partie des sélections cannoises de 2014.


Deux ans plus tard, le metteur en scène remporte la Palme d'or au festival de Cannes avec le social, émouvant et engagé Moi, Daniel Blake. Le long métrage se centre sur le destin d'un menuisier anglais de 59 ans ayant des problèmes cardiaques mais paradoxalement obligé de travailler.


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