top of page

Juho Kuosmanen "J’ai envie de me servir du cinéma pour rendre la vie plus belle, plus légère&qu


Été 1962, Olli Mäki prétend au titre de champion du monde poids plume de boxe. De la campagne finlandaise aux lumières d’Helsinki, on lui prédit un avenir radieux. Pour cela, il ne lui reste plus qu’à perdre du poids et à se concentrer. Mais il y a un problème - Olli est tombé amoureux de Raija.


Olli Mäki est le premier long-métrage de Juho Kuosmanen. Cinéaste Finlandais, ses précédents courts-métrages ont remporté plusieurs prix dans des festivals de premier plan, dont la Cinéfondation à Cannes et Locarno. Il est sorti diplômé de l’école de cinéma ELO Helsinki de l’université Aalto en 2014. En même temps que ses études, Kuosmanen a joué, mis en scène, et coopéré étroitement avec l’Avant- garde Opera Ensemble du West Coast Kokkola Opera.



Dans l’imaginaire populaire, Olli Mäki est considéré comme un héros national ou un raté national ?


S’il n’est pas un héros national, il est en tout cas un héros de la classe ouvrière. D’une manière générale, il est certainement considéré comme l’un des meilleurs boxeurs originaires de Finlande. Après sa défaite face à Davey Moore, Olli Möki a continué à boxer jusqu’en 1973, il a remporté le championnat d’Europe en 1964, il a donc disputé de bons matches et laissé un héritage qui a effacé en partie le souvenir de sa grande défaite de 1962 dans la conscience nationale. Certaines personnes disent qu’Olli Mäki n’était pas assez ambitieux, qu’il n’avait pas le bon profil pour être un grand boxeur, qu’il était trop gentil, trop ‘brave type’. Cette réputation vient entre autres du fait qu’Olli refusait de mettre son adversaire K.O. Il pensait qu’il n’y avait aucune raison de le faire si le combat semblait déjà gagné. Donc parfois les choses qui font de vous une personne meilleure ne sont pas celles qui vont vous conduire au sommet de votre sport.



Pourquoi le combat de boxe pour le championnat et la boxe en général occupent-ils aussi peu de place dans le film ?


On voulait se concentrer sur les choses cachées. Le film parle plus des coulisses que de la scène. Je voulais montrer la boxe comme faisant partie de la vie quotidienne, ne pas la placer au-dessus comme une chose symbolique ou plus importante que les autres scènes. Ce qui va de pair avec le sujet du film. Et aussi, sachant que Rocky 7 se tournait au même moment et qu’ils allaient se focaliser sur les scènes de combat, on était libre de se concentrer sur les échanges de regards et les scènes de cerf-volant. J’ai vu énormément de films sur la boxe et certains d’entre eux m’ont presque donné envie de changer de sujet, mais il y en avait aussi des bons. Avec mon directeur de la photo on a visionné des classiques du cinéma vérité des années 1960, qui sont plus ou moins devenus notre référence visuelle.



"Mes rêves d’enfance ne se sont pas du tout réalisé"



Ou en êtes-vous, Juho Kuosmanen ?


Actuellement, je fais donc la promotion de Olli Mäki et c’est extraordinaire car ça me fait énormément voyager. Mais en même temps j’essaye désespérément d’écrire deux scénarios à la fois. J’ai du mal à m’y retrouver.



Quel rôle le hasard a-t-il joué dans votre vie ?


Quand je pense à ma vie avant ce film, j’ai l’impression de ne jamais avoir eu aucun but très précis. C’est un peu comme si j’avais pendant tout ce temps la flotté sur l’eau. Mes rêves d’enfance ne se sont pas du tout réalisé mais après il y en a eu d’autres. On ne peut pas vraiment parler de hasard parce que ma vie elle-même était un hasard…


Quels étaient ces rêves d’enfant non réalisés ?


Je voulais devenir soudeur puis j’ai voulu faire du théâtre. Et ensuite je me suis intéressé à l’archéologie.



Vous n’avez jamais rêvé de devenir cinéaste ?


Non, jamais.




"J’ai envie de me servir du cinéma pour rendre la vie plus belle, plus légère"



Avec soudeur, comédien et archéologue, le métier de cinéaste semble être le métier le plus inaccessible…


A vrai dire, quand j’étais enfant je tournais déjà des petits films avec mes frères et soeurs. Mais ce n’était pas du tout dans l’idée d’en faire mon métier. je crois que la première fois que j’y ai pensé je devais avoir vingt ans. Si j’en suis la aujourd’hui, c’est parce que mon ex copine m’a un jour poussé à poser ma candidature dans une grande école de cinéma. Et j’ai été pris.



Que cherchez-vous avec le cinéma ?


Je trouve que c’est un moyen formidable d’esquisser la vie. Dans la fiction, ce qui fait du bien quelque part, comparé à la vie réelle qui est douloureuse et pénible, misérable, c’est qu’on peut la traiter de façon plus simple, plus douce et comique. On est plus libre dans la fiction que dans la vie réelle. J’ai envie de me servir du cinéma pour rendre la vie plus belle, plus légère.



Vous voyez les tournages comme des combats de boxe…


Absolument. Plus on a besoin d’argent, plus on a besoin de serrer des mains. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles il y a tant de films sur la boxe, c’est que les deux se ressemblent. Bien sûr, la boxe est un sport très cinématographique, mais en tant que réalisateur il est aussi facile de se mettre dans la peau du protagoniste. Finalement, on est seul sur le ring et il y a toujours l’éventualité de se faire méchamment frapper. Il est impossible de réaliser quelque chose qu’on ne comprend pas. Je n’en sais pas tant que ça sur la boxe, mais c’était facile pour moi de comprendre notre protagoniste dans les situations où il se trouvait. Moi aussi je l’ai fait, serrer des mains et promettre des choses que je ne devrais pas promettre. Selon moi, Olli Mäki parle autant de cinéma que de boxe. J’avais l’impression qu’avec cette configuration, ce serait facile de passer par les mêmes émotions que celles que j’éprouvais en tant que cinéaste. Je pouvais faire un plan plus large et me moquer gentiment de ma crise existentielle. Mais c’est juste mon point de vue personnel, ce n’est pas une chose encodée dans le film que le public est censé découvrir. J’espère que chacun a ses propres réflexions.



Vous sentez-vous compris ?


Mes films sont intemporels. Et je pense que cela provient du fait que je me focalise surtout sur la nature humaine. l’amour, la colère, la haine, l’espoir… Et ces concepts sont intemporels. Et, oui, j’ai l’impression d’être compris. Je pense que les spectateurs voient rapidement vers ou je veux aller.




"Se regarder dans un miroir et se demander ce que ferait

la personne en face de vous"



L’erreur que vous ne ferez plus


Il y en a beaucoup… Tellement que je ne pourrais même pas vous en citer une.



Si vous deviez revivre une journée de tournage...


Sur Olli Maki, il est arrivé qu’il y ai des centaines de figurants en même temps. Et je les trouvait vraiment très difficile, horribles. Je me disais que je ne tournerais plus jamais de film avec des figurants. Mais une fois que je m’y suis fait, ça a été extraordinaire. Mon équipe était tellement merveilleuse qu’au final, n’importe quel jour avec eux serait à revivre. Le jour ou nous avons tourné la scène des cerf volants a été particulièrement belle. Nous étions en petit comité et tout se faisait un peu au hasard. C’était beau.



Un conseil pour un jeune cinéaste ?


Soyez honnête avec vous même. Surtout quand vous ne savez pas trop ce que vous faite. Il faut se regarder dans un miroir et se demander ce que ferait la personne en face de vous. Après ça, une chose importante est de bien choisir les personnes avec qui vous allez travailler. Il faut que ce soit des personne avec qui vous vous sentez bien.

bottom of page