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Costa Gavras "Il ne faut surtout pas suivre les écoles. Il faut faire comme on le sent. Il fau

Au détour d'un couloir de la Cinémathèque, entre deux séances, Hurlements de Joe Dante (alors parrain d'honneur du festival) et la table ronde "Quel avenir pour la pellicule ? État des lieux", rencontre avec Costa Gavras, cinéaste que l'on ne présente plus.


"Dans le cinéma, contrairement à ce que l’on dit,

l’expérience ne sert à rien."



Comment avez-vous découvert Joe Dante ?


Je l’ai rencontré aux États Unis lors d’un dîner chez John Landis. J’avais déjà vu quelques uns de ces films, avant d’en voir d’autres (rires). Quand la programmation du festival a décidée de le faire venir, j’ai été ravis. Le premier film que j’ai vu de lui ce doit être « Gremlins ».



Un film est-il nécessairement politique ?


Ils le sont tous. Tous. Même ceux qui disent ne pas l’être. Dans la mesure ou ils créent une certaine relation avec le public. Avec des milliers, parfois des millions de personnes. Et cette relation est forcément politique. Elle est sociale, donc elle est politique. Tout ce qui est politique n’est pas forcément en rapport avec le pouvoir, mais aussi avec la vie tout simplement, la société elle-même. Ce qu’on montre aux autres, ce qu’on apporte aux autres, ce qu’ils nous apportent. Cette relation quotidienne est politique à mon avis. L’émotion est politique, c’est un mode de vie.



Avez vous un plus beau souvenir de cinéma ?


Il y en a tellement. Impossible à vous dire, c’est le cinéma qui me fait rêver, pas un film en particulier.



Vous est-il déjà arrivé de vous sentir dépassé par le cinéma ? Pas seulement techniquement, mais artistiquement aussi.


Bien entendu. On est toujours complètement dépassé, on ne sait jamais quoi faire ! Même devant ce qu’on a fait. A chaque fois il faut inventer, trouver autre chose si on veut être un minimum cohérent avec soi-même. Évidemment il y a une sorte de traumatisme des choses que l’on a pu faire mais il faut les éviter. Sinon on se retrouve complètement paumé ! Dans le cinéma, contrairement à ce que l’on dit, l’expérience ne sert à rien.


"Il ne faut surtout pas suivre les écoles. Il faut faire comme on le sent.

Il faut faire son école à soi."




Quel est l’événement qui a été décisif dans votre vie d’artiste.


Le jour ou j’ai compris qu’au cinéma on peut faire une oeuvre grave, sérieuse, comme dans le théâtre ou la littérature. Quand j’étais petit je ne voyais que des films d’action ou de cow boys, donc je pensais que le cinéma ce n’était que ça. Et c’est à la cinémathèque - pas celle-ci, une beaucoup plus petite (rires) - que j’ai vraiment découvert ce qu’était le cinéma.



Est-ce qu’un cinéaste a une responsabilité ?


Absolument. Tout en gardant sa liberté, on a une responsabilité puisqu’on s’adresse au public. La responsabilité se cache dans ce qu’on va lui dire, ce qu’on va lui montrer. Mais chacun garde sa liberté évidemment.



Si vous aviez un aveux de cinéma.


Je n’ai pas d’aveux de cinéma. Je n’ai que des rêves, des envies de cinéma. Et ma plus grande envie de cinéma est très simple, c’est de continuer à voir des films. Des beaux films bien entendu (rires).



Un conseil à un jeune cinéaste ?


Vous savez, je n’aime pas donner des conseils. Ou alors juste une chose : être soi-même. Si on veut faire du cinéma, réaliser des films, il faut être soi-même. Il faut que vos films vous ressemblent. Et c'est en oubliant tout ce que l'on connait, tout ce qu’on a vu, connu, appris que vos films vous ressembleront. Il ne faut surtout pas suivre les écoles. Il faut faire comme on le sent. Il faut faire son école à soi.

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