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Masterclass - Wang Bing - VO

À l'occasion du Festival International du FIlm Documentaire de Ji hlava 2014, rencontre avec Wang Bing. FFilm après film, Wang Bing redonne une existence aux oubliés de l’histoire chinoise. Après les naufragés du développement économique (dans A l’ouest des rails), les victimes des « camps de rééducation » maoïstes des années 50-60 (Fengming, Le Fossé), le cinéaste rend hommage aux malades mentaux (ou, pour être plus précis, ceux jugés comme tels) que leur famille ou le pouvoir a fait enfermer.



Après des études en photographie à l'Institut des Arts plastiques Lu-Xun à Shenyang, de 1992 à 1995, il entre dans le département de la photographie de l'Académie du Film de Pékin, il y commence son expérience du métier. En 1997, il travaille comme photographe lors du tournage d'un film documentaire institutionnel. De 1999 à 2003, il commence à travailler seul, poursuivant un projet personnel et ambitieux : vivant dans un vieux quartier industriel de Shenyang, il filme et enregistre avec une caméra Digital Video (DV), la vie des ouvriers d'un quartier qui va bientôt être détruit du fait d'une réforme municipale. Ainsi naît le long documentaire (plus de 9 heures de projection), unique dans l'histoire du cinéma chinois indépendant, À l'ouest des rails (铁西区), tirant son nom de celui du quartier.


On peut reconnaître une forme de filiation entre le cinéma de Wang Bing et celui de Zhao Liang. Ce dernier a filmé pendant huit ans les abords d'un village de Pékin détruit juste avant l'ouverture des Jeux olympiques d'été de 2008, en a tiré le film Pétition, la Cour des plaignants.



En mars 2012, son film Le Fossé sort à Paris. Premier film de fiction de Wang Bing, il raconte la vie dans un camp de travail chinois dans le désert de Gobi en 1960. Wang Bing a eu l'idée de faire ce film en lisant, en 2004, en France, alors qu'il travaille à la Cinéfondation, le recueil de nouvelles de Yang Xianhui, Adieu, Jiabiang (Jiabiangou), qui relate le destin tragique des hommes envoyés dans les camps de rééducation chinois entre 1958 et 1960. Après avoir travaillé comme documentariste sur la Chine au présent (À l'ouest des rails), Wang Bing a ressenti le besoin de rechercher les prémisses cachées de ce qui se déroule actuellement. Il est donc parti à la rencontre de la centaine de survivants des laogai (camps de travail chinois), étiquetés à l'époque de « droitiers » ou « déviants de droite » (souvent pour des motifs fallacieux d'après le film) et a filmé ainsi de nombreuses heures d'entretiens comme documentation pour Le Fossé. Celui-ci a été tourné en hiver par −30 °C dans le désert de Gobi. Auparavant, Wang Bing avait tourné un documentaire de 3 h 20 (sorti en mars 2012, également) Fengming, chronique d'une femme chinoise (2007) où il s'entretient avec Hé Fèngmíng auteur du livre Ma vie en 1957, sur son sort durant la campagne anti-droitiste à la fin des années 1950 puis, plus tard, durant la Révolution culturelle. Les deux films se complètent. La vieille Fengming raconte, dans le documentaire, un épisode de sa vie qui évoque, comme dans Le Fossé, l'histoire d'une femme venue chercher le cadavre de son mari, et qui visite ce fameux dortoir-fossé.

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