top of page

Masterclass - Raymond Depardon - VF

Mardi 7 mai 2013, rencontre avec Raymond Depardon au Forum des Images, animée par Pascal Mérigeau. Il est photographe, documentariste, cinéaste, voyageur. Et aime à diversifier ses projets. Sa caméra, toujours discrète, sait dénoncer les injustices, les souffrances et s’immiscer dans des lieux sensibles. Il revient sur ses multiples parcours à l’occasion d’une master class exceptionnelle.



R« Mais il me filme ? » « Oui. » « Pour quoi faire ? » Réponse : « Parce que vous êtes là. » Elle a raison, la vieille dame de La Vie moderne, la seule réponse à ce « pour quoi faire » est celle-là. Vous êtes là, il vous filme. Il ne se présente jamais sans sa caméra, Raymond Depardon, pas son genre de bavasser un moment pour revenir un autre jour peut-être avec l’équipement nécessaire et procéder alors à une commune mise en boîte. Les gens qui sont là, et qu’il filme, il veut pouvoir les retrouver à l’écran, sans quoi ils ne seraient plus là du tout, comme ses parents, des paysans eux aussi, des gens ordinaires, qu’il n’a jamais filmés, ou si peu.

Enfant solitaire, Raymond Depardon prend ses premiers clichés dans la ferme familiale. A 16 ans, il monte à Paris, où il devient l'assistant du photographe Gilles Foucherand. Celui-ci est bientôt associé à l'agence Delmas, qui envoie Depardon en Afrique pour suivre l'expédition SOS-Sahara en 1960. Le jeune homme en revient avec un reportage très remarqué lors de sa publication dans Paris-Match, puis couvre les guerres d'Algérie et du Vietnam. En 1966, il co-fonde la mythique agence Gamma, pour laquelle il part en reportage au Tchad, au Biafra ou encore à Prague : le film consacré à l'immolation de l'étudiant Jan Palach deviendra d'ailleurs son premier court-métrage en 1969.


Héritier du cinéma direct, dont les chefs de file ont pour nom Richard Leacock ou Pennebaker, Depardon suit Giscard lors de sa campagne de 1974, mais le Président attendra 28 ans pour autoriser la diffusion de ce documentaire qu'il avait pourtant commandé. Auteur de plusieurs courts-métrages qui le voient parcourir le monde, le cinéaste réalise en 1977 son deuxième long, Numéros zéro, une saisissante plongée dans la rédaction du Matin de Paris. Patience, discrétion, attention de tous les instants : telles sont les règles d'or du cinéaste, qui se fait le témoin du quotidien des photographes de presse (Reporters, César du meilleur documentaire en 1982) ou d'une équipe de policiers (Faits divers), et s'immisce dans des institutions aussi fermées que l'univers hospitalier (l'asile psychiatrique de San Clemente, le service des Urgences de l'Hôtel-Dieu) ou la justice, avec Délits flagrants (1994), qui lui vaut un deuxième César.


En 1985, Empty Quarter, une femme en Afrique est la première incursion de Raymond Depardon dans la fiction. Le continent noir, sur lequel il porte un regard à la fois amoureux et inquiet (Afriques : comment ca va avec la douleur ? en 1996) inspirera au documentariste deux autres films de fiction : La Captive du desert (1989), tourné au Niger avec Sandrine Bonnaire dans le rôle de Françoise Claustre, archéologue enlevée par les Toubous, puis Un homme sans l'Occident (2002). On retrouve dans ces œuvres d'esthète le goût de Depardon pour un cinéma contemplatif, comme en témoigne encore Paris, réflexion sur le métier de réalisateur, qui navigue entre documentaire et fiction.


Photographe et cinéaste à la réputation mondiale, Depardon multiplie les projets les plus variés (films, expos, ouvrages, publicités...) tout en restant fidèle à certaines thématiques : affirmant au magazine Studio que "le vrai documentaire est finalement plus proche du théâtre", il tourne en 2004 10e chambre, instants d'audience, nouvel état des lieux de la justice en France, présenté avec succès au Festival de Cannes. Parallèlement à toutes ces activités, ce fils d'agriculteurs se lance à la fin des années 90 dans un travail de longue haleine sur le monde paysan, qui aboutira à La Vie moderne, présenté en 2008 au Festival de Cannes.


Le cinéaste repart la même année dans de nouveaux voyages, qui viendront nourrir les films Donner la parole (2008), témoignage d'hommes et de femmes sur leurs cultures et leurs langues amenées à disparaître, puis Le Tour du monde en 14 jours (id.), tous deux commandés par la Fondation Cartier pour l'exposition du même nom. Suite à cette année chargée, Depardon voyage à travers la France (et dans plus de 65 départements), pour mieux préparer son retour à la fiction en 2012, avec Journal de France, road-trip en camping-car, toujours en collaboration avec Claudine Nougaret, et à nouveau sélectionné au Festival de Cannes.


bottom of page