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Masterclass - Laurent Cantet - VF

Jeudi 17 janvier 2013 à 19h30, rencontre avec Laurent Cantet au Forum des Images, animée par Pascal Mérigeau. Un peu plus de quatre ans après que le jury cannois présidé par Sean Penn eut décerné sa Palme d’or à Entre les murs, Laurent Cantet est de retour avec Foxfire, et c’est un nouvel événement majeur. Il est vrai que les réalisations de ce jeune quinquagénaire, qui a eu 51 ans en juin dernier, suscitent rarement l’indifférence. Dès Ressources humaines (1999), son deuxième long métrage, produit à l’origine pour la télévision, ce fut en effet un premier coup de tonnerre : jamais auparavant les relations entre générations au sein du monde du travail n’avaient été montrées avec une telle acuité, une telle volonté de ne rien taire de ces failles que l’évolution de la société moderne a ouvertes sous les pas des humains.



Si l’on veut bien comprendre combien il est difficile pour un jeune cinéaste de ne pas décevoir les espoirs placés en lui, L’Emploi du temps (2001) constitua mieux qu’une confirmation : dérivé d’une affaire criminelle qui inspira à Emmanuel Carrère “L’Adversaire”, adapté par Nicole Garcia en 2002, ce film implacable était porté par une maîtrise et une rigueur exceptionnelles, qui achevèrent de convaincre que Laurent Cantet était décidément un cinéaste majeur, auquel le triomphe cannois de Entre les murs, sept ans et un film (Vers le Sud, 2005) après, allait apporter la reconnaissance internationale.


Aujourd’hui, son sixième film en quinze ans peut apparaître aussi comme son chef-d’oeuvre à ce jour. Adaptation du livre de la romancière new-yorkaise Joyce Carol Oates “Confessions d’un gang de filles” (1995), Foxfire, mis en scène selon les mêmes principes que Entre les murs, entièrement tourné au Canada et en anglais, avec pour l’essentiel des interprètes amateurs, évoque avec un brio étourdissant les années 50 dans l’Amérique profonde et dessine de l’adolescence, de la féminité et, comme en écho, du monde d’aujourd’hui un portrait saisissant et passionnant. Foxfire sera sur les écrans français depuis deux semaines lorsque Laurent Cantet donnera au Forum des images sa master class.

Fils d'enseignants, Laurent Cantet obtient une maîtrise d'audiovisuel à Marseille, puis intègre en 1984 l'IDHEC, où il se lie d'amitié avec de futurs cinéastes comme Dominik Moll, Vincent Dietschy ou encore Gilles Marchand. Ce dernier l'engage en tant que chef opérateur sur son premier court métrage, L'Etendu (1987), puis renouvelle la collaboration en 1993 pour un autre court métrage intitulé Joyeux noël. Diplômé de la prestigieuse école en 1986 avec un film de fin d'études intitulé "Chercheurs d'or", Laurent Cantet signe pour la télévision un documentaire sur la guerre du Liban ("Un été à Beyrouth", 1990), avant de travailler comme assistant réalisateur sur Veillées d'armes (1994) de Marcel Ophuls. Il se fait bientôt remarquer grâce à deux courts métrages dans lesquels il traite d'emblée deux de ses thèmes fétiches : la lutte des classes dans Tous à la manif (Prix Jean-Vigo 1995) et les liens familiaux dans Jeux de plage (1995), le court-métrage qui marque les débuts à l'écran de Jalil Lespert.


Après avoir réalisé en 1999 pour Arte Les Sanguinaires dans le cadre de la collection "2000 vu par...", Laurent Cantet tourne, toujours avec le soutien de la chaîne franco-allemande, son premier long métrage de cinéma : Ressources humaines (1999). Examinant, avec une égale subtilité, les rapports sociaux dans une usine et une relation père/fils. Le film joint la force du documentaire à celle du mélodrame, un exploit salué par deux César : Meilleure première œuvre et Meilleur jeune espoir pour Jalil Lespert, seul acteur professionnel au milieu d'un casting d'amateurs. En 2010, la réalisatrice Courtney Hunt réalise un remake américain de ce film (Human resources), produit par Alain Chabat.


Fidèle aux mêmes sujets, Cantet aborde la question du travail dans son deuxième long métrage L'Emploi du temps. Primé à Venise en 2001, le film est inspiré par l'histoire du mythomane Jean-Claude Romand. Avec Vers le sud, son troisième opus, lui aussi présenté à la Mostra, le cinéaste se confronte à une terre lointaine (Haïti) et à une actrice renommée (Charlotte Rampling). Selon ses propres termes, le film "met en regard la misère sociale des uns et la misère sexuelle des autres", nouvelle manière pour lui d'articuler l'intime et le politique.


Cantet se lance ensuite dans l'adaptation à l'écran du roman de François Bégaudeau "Entre les murs", dans lequel l'auteur évoque son quotidien de professeur de français dans un collège difficile. A partir de ce matériau documentaire, le cinéaste signe une fiction nuancée et stimulante sur le milieu scolaire, qui décroche la Palme d'or au Festival de Cannes 2008 - une première depuis Sous le soleil de Satan (1987). En 2012, il revient à la Croisette en collaborant avec sept réalisateurs de nationalités différentes avec la mise en scène du segment "La Fuente" de 7 jours à la Havane, présenté en Sélection Officielle à Cannes dans la section Un Certain Regard. Le réalisateur marque le début de l'année suivante avec le féministe Foxfire, tiré des "Confessions d'un gang de filles" de la romancière américaine Joyce Carol Oates.


En 2014, Laurent Cantet retourne à la Havane pour réaliser Retour à Ithaque. Le film raconte les retrouvailles de cinq amis à l’occasion du retour de l’un d’entre eux, qui, le temps d’une nuit, évoquent leurs souvenirs et leurs désillusions.


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