Masterclass - Brillante Mendonza - VF
Le Dimanche 2 décembre 2012 à 16h30, rencontre avec le cinéaste Brillante Menzonza animée par Pascal Mérigeau dans le cadre du festival "Un état du monde… et du cinéma". C’est avec son cinquième film que Brillante Mendoza a été révélé au public français, après que ses réalisations précédentes eurent été montrées dans différents festivals : sélectionné par la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en 2007, John John, histoire de l’adoption par un couple américain d’un gamin de trois ans placé jusqu’alors dans une famille d’accueil de Manille, offrit de découvrir le talent déjà très sûr d’un cinéaste qui fut d’abord directeur artistique. D’un même élan, John John portait un coup de projecteur sur un nouveau cinéma philippin dont Mendoza s’imposait comme le porte-drapeau.
Cet aujourd’hui jeune quinquagénaire a depuis confirmé amplement les espoirs placés en lui et ses films sont régulièrement présentés dans les grands festivals internationaux. C’est ainsi que Cannes a montré en compétition Serbis (2008), portrait de famille centré sur une salle de cinéma, et le thriller horrifique Kinatay (2009), et qu’en 2012 Mendoza était présent aussi bien à Berlin avec Captive, avec Isabelle Huppert prise en otage dans la jungle philippine, qu’à Venise avec Thy Womb, histoire d’un couple qui pour avoir un enfant fait appel à une mère porteuse.
Entre-temps, le cinéaste avait réalisé ce qui pour beaucoup constitue son film le plus abouti à ce jour, le magnifique Lola (“Grand-mère”, en langue tagalog), portrait bouleversant de deux vieilles dames réunies par un drame épouvantable, le meurtre du petit-fils de l’une par le petit-fils de l’autre. Mendoza y dessine un tableau saisissant de la vie de Manille, le ciel noir, les pluies incessantes, les habitations d’un quartier inondé que les humains partagent certains soirs avec les poissons, le vent qui retourne les maigres parapluies, le fleuve boueux sur lequel la procession funéraire progresse, la cellule de la prison où s’entassent les mauvais garçons, pour certains pas plus méchants que d’autres, chaque élément visuel contribuant à dessiner les contours des âmes qui sans relâche luttent, s’obstinent, avancent, vivent. Brillante Mendoza au Forum des images, c’est aussi une porte ouverte sur le nouveau cinéma venu d’Asie.
Issu d'une famille nombreuse, Brillante Mendoza songe, un temps, à devenir prêtre, puis psychologue. Il s'oriente finalement vers des études d'art à l'Université Santo Tomas de Manille. Décorateur dans les années 80, il devient ensuite un réalisateur de publicités renommé.
Brillante Mendoza se voit proposer en 2005 de tourner un long métrage de cinéma sur un jeune masseur, Masahista (Léopard d'or du film vidéo à Locarno), avec dans le rôle principal Coco Martin, qui deviendra son acteur-fétiche. Dès lors, Mendoza, qui n'avait jamais envisagé de devenir cinéaste, prend goût à cette activité et enchaîne les films à un rythme soutenu, passant d'un docu-fiction sur les élections présidentielles, (Manoro), à un film de gangsters (Tirador), en passant par un film à sketchs gay (Pantasya). A l'image de Kaleldo, la famille est au coeur de la plupart des films de Brillante Mendoza, qui sont aussi des portraits crus de la société philippine, et notamment de la vie à Manille. La critique occidentale repère le cinéaste à partir de John John, un film sur l'adoption, traitée avec compassion mais sans complaisance. Le nom de Brillante Mendoza est bientôt sur les lèvres de tous les cinéphiles : Serbis, sur le quotidien d'une famille domiciliée dans un cinéma porno, est présenté en compétition à Cannes en 2008. L'année suivante, on découvre sur la Croisette l'éprouvant Kinatay sur la violence des gangs. Inspiré commé souvent d'une histoire vraie, ce film-choc décroche le Prix de la Mise en scène. Décidément prolifique et éclectique, Brillante Mendoza présente la même année à Venise l'émouvant Lola, ou la rencontre de deux grand-mères réunies par un terrible fait divers.