D’où viens-tu ?
C'est au milieu de la Plaine-Pesticide, où il n'y a rien, mais beaucoup d'espaces pour se perdre, pour s'imaginer, pour trouver le loup ou pour l'inventer. On y fait pas grand chose, à part dormir et travailler. On y a beaucoup souffert et on s'y fait vite prisonnier. C'est un minuscule village agricole qui s'appelle Ecrosnes. Mais il y a là, Impasse de la Croix, au numéro 2, une maison où l'on est très heureux, où un homme cuisine et cultive son potager, pour réchauffer le cœur adolescent de ses trois vieux enfants. C'est d'ici que je viens, cette maison s'appelle la Rose des Vents. Au sous-sol il y a La Boite, le club le plus privé de la région, avec évidemment les filles les plus chaudes du coin.
Où vas-tu ?
Très certainement vers la mort. Ou vers l'accomplissement d'un dessein artistique. Actuellement je vais aussi vers une désintoxication (je me suis fabriqué un badge : clean depuis trois semaines). J'organise aussi un nouveau voyage à Lourdes, car cela fait 7 ans que je n'y suis pas allé.
Pourquoi
le cinéma ?
Je suis nul pour quasiment tout le reste. C'est une première bonne raison. Ensuite, mes idées surviennent bien souvent sous forme d'images, dans mes rêves ou dans mes moments d'absence mentale les plus totales. Ces images, qui surgissent sans crier gare, sont très évocatrices pour moi. Elles m'aident à dire beaucoup (j'ai envie de citer Napoléon mais je ne le ferai pas). J'essaye donc de les reproduire.
Je me souviens aussi que, la première fois que j'ai monté un de mes films, le temps a filé de manière extraordinaire. Ce qui était un immense soulagement car à cette époque, chaque heure m'était pénible et je me desséchais, à force de larmes. Mais cependant, j'aurais pû m'atteler à d'autres choses qui sucitent un peu mon intérêt : l'enseignement, la littérature, la botanique, la pornographie, l'astronomie, l'humanitaire. Seulement voilà, on m'a tellement répété lorsque j'étais enfant que je ne ferai jamais de cinéma, qu'il me tient désormais à coeur de prouver le contraire à tous ces sacs à merde.
Pourquoi
les garçons ?
Parce qu'ils sont si beaux... Mais la question serait plutôt : pourquoi choisir les filles, quand on peut avoir les garçons ?
D'une part, j'ai bien trop peur d'attraper un bébé ! Et c'est terrible... mais voyez vous je ressemble de plus en plus à ma défunte mère. Pas question que qui que ce soit revive ce que j'ai vécu !
Donc je choisis les garçons par altruisme, aussi par souci écologique. S'il y a bien une chose qu'on ne va pas venir nous reprocher à nous les pédés, c'est de prendre part à la surpopulation, qui est tout de même la source de l'ensemble des problèmes de ce monde ! (La Covid en tête de liste) - (Bon évidemment, maintenant il y a plein de pédés qui veulent faire comme tout le monde et avoir leur propre bébé... mais ceux là sont monogames et ont des projets immobiliers, donc forcément, comme les hétéros, ils s'ennuient un peu !)
À propos de la nuit ?
"A présent Harry, sortons dans la nuit noire à la poursuite de cette fantasque tentatrice, l'aventure !" Albus Dumbledore
Adolescent que j'étais (c'est à dire jusqu'à très tard) j'ai noyé mon chagrin dans un comportement tout à fait obsessionnel à l'égard de différentes choses : Britney Spears, les films d'horreur, les garçons, mais aussi les livres pour enfants et, en tête de liste, Harry Potter.
Très attentif à la sagesse d'Albus Dumbledore, cette phrase résonne encore en moi et me conduit, année après année, vers les aventures les plus sombres (celles que la nuit réserve à ses adeptes les plus fidèles). Elle motive mon inépuisable envie de courir après le mouvement de la lune pour ainsi, ne plus manquer la moindre minute d'obscurité.
La nuit c'est comme le monde des sorciers : c'est ici sans y être. Et une fois passé le mur de brique à l'arrière du pub Le Chaudron Baveur, c'est sans retour. Les autres sont des moldus. Vous, vous êtes un clochard fantasque qui marmonne dans sa barbe et essaye de retrouver le chemin de sa maison, en essayant d'aspirer la lumière du soleil avec un gros briquet.
Ton premier souvenir nocturne ?
Il commence en plein jour ! Mon plus vieil ami s'appelait Cradosse, parce qu'il était franchement dégueulasse. Il ressemblait à un zombie, recousu de partout, sans un œil, sans rien que sa pauvre âme souffrante. Il avait un temps été un joli lapin en costume rayé, mais je ne me souviens pas de lui comme ça. Car voyez-vous, je ne suis pas soigneux. Donc Cradosse, déjà à cette époque, ne ressemblait plus à rien.
Un beau jour, donc, Cradosse est mort. Je suis entré dans ma chambre et il était là, inerte. Raide comme la justice. Ma meilleure peluche était décédée ! J'étais parfaitement affligé. J'ai enterré mon meilleur ami dans le jardin et il a eu une très belle cérémonie.
Quelques jours après (la nuit cette fois, nous y voilà !) il y avait de l'orage. Des éclairs puissants et assourdissants. La pluie battait contre ma fenêtre et le tonnerre faisait trembler la maison toute entière.
Dans mon demi sommeil effrayé, je l'ai vu, Cradosse s'était réveillé !
Je me suis précipité dans le jardin, j'ai creusé la terre boueuse jusqu'à extraire son linceul (un foulard tunisien noir et or). J'ai déballé le paquet et il était là, bien vivant ! Ou en tout cas, un peu réanimé... C'est le genre de choses qui n'arrivent que la nuit. Et c'est là mon premier souvenir nocturne marquant. J'ai des dizaines de peluches et donc, l'une d'entre elles est un mort-vivant !
Le son qui te rend lucide ?
Je n'aime pas cette question.
Le bruit du pet ramène souvent à une forme de réalité.
Le silence me ramène à mon for intérieur.
Mais du coup ce n'est pas un son.
D'une manière ou d'une autre je me sens rarement lucide et quand bien même, je ne vois pas le rôle que pourrait jouer un son vers l'état de lucidité. Ça me fait penser à ces gens qui prennent des drogues et disent, très solennels : "à ce moment-là, j'ai tout compris" et moi de répondre, fasciné : "mais t'as compris quoi ?" et lui, hautain : "ben je peux pas te l'expliquer" Moi, déjà un peu saoulé : "ah bon, mais pourquoi ?" lui, un murmure : "parce qu'il n'y a pas de mots..." ...alors ferme ta gueule !
Par ailleurs, j'ai détesté tous les cours de son que j'ai suivi car je n'y comprends rien. En revanche, il y a des musiques qui me rappellent que je vais mourir, comme Cinderella de Britney Spears. Le memento mori est un éclair de lucidité ! C'était peut être ça, la bonne réponse.
Un club.
La Boite, bien sûr ! Dont je parlais plus haut. On a fabriqué ce club, moi, mon père et mon copain pendant le premier confinement. Parce qu'il fallait bien danser ! "Dansez, dansez, sinon nous sommes perdus !" disait Pina Bausch
C'est un club familial et très bien décoré, bien équipé.
Il est si privé qu'on y est jamais plus de 10.
C'est open bar et open tout.
Ton meilleur trip.
Il est en cours, car je suis amoureux !
Ça vaut tous les paras du monde.
Une date.
Le 15 août 2014, mon premier voyage à Lourdes, où j'ai parcouru la grotte 7 fois en bousculant les handicapés et les soeurs, en frottant bien toute la paroie lissée de ma main gauche, en me jetant à terre dans le sanctuaire, avant de m'arroser d'eau bénite de la tête au pied en récitant le je vous salue Marie pleine de, etc etc... Puis, j'ai formulé ce vœu : Je veux faire du cinéma et rencontrer l'homme de ma vie. Ce qui a été exaucé le mois suivant. Merci Marie ! Je savais que tu allais illuminer mon coeur !
Un rêve.
Que tous les gays vivent en paix, heureux, main dans la main et main dans le slip (ou dans le trou, selon vos capacités physiques. Attention cependant à retirer vos bijoux - par exemple, un jour j'ai bien failli perdre la bague que j'ai acheté à Lourdes et que je porte depuis 7 ans, mon objet le plus précieux - donc je n'ai pas envie que le sortilège de Marie se dématérialise à cause d'un vieux cul au Secteur X !).
Une phrase qui te ressemble ?
"Mais alors, dit Alice, si le monde n'a absolument aucun sens, qui nous empêche d'en inventer un ?" Ou alors, dans un même ordre d'idée (et bien évidemment issu du même livre) : "Lorsque moi j'emploie un mot, il signifie exactement ce qu'il me plaît qu'il signifie... ni plus ni moins." Humpty Dumpty
Pourquoi es-tu
plus jeune ?
Parce que je n'ai cure de déplaire, je m'assois sur ce que j'ai appris et je suce pour un coca.
Pourquoi es-tu
plus beau ?
Parce que les étoiles, Dieu et la biologie ont choisi d'illuminer ma façade (mais ces facétieuses forces n'ont pas manqué d'obscurcir le dedans) Aussi, je ressemble à mes parents - mon père fait 15 ans de moins et ma mère est morte (#4everyoung). Mais surtout... je suis fou amoureux.
Pourquoi es-tu
fauve ?
Mon dernier bilan sanguin l'atteste : je suis positif au fauvisme !