Depuis sa remarquable apparition dans La Vie des Morts, le premier film d’Arnaud Desplechin, Emmanuelle Devos n’a cessé de traverser les plus hautes sphères du cinéma d’auteur français. Son sourire unique, ses yeux bleus et sa candeur érotique se sont gracieusement promenés sous les caméras de Noémie Lvovsky, Jacques Audiard, Valeria Bruni Tedeschi, Cédric Klapisch, Nicole Garcia, Emmanuel Carrère, Anne Fontaine, Alain Resnais et tant d’autres…
Sa formation elle-même promettait un parcours à la hauteur de son talent. D’abord les Cours Florent, où elle rencontrera Francis Huster, qui filmera les seins nus de la jeune actrice dans On a volé Charlie Spencer ! – puis les ateliers de la Fémis, où elle côtoiera les premiers metteurs en scène d’exception qui écriront pour elle de grands rôles et lui composeront une genèse cinématographique des plus chatoyantes : Noémie Lvovsky et Arnaud Desplechin. Ce dernier faisant alors des apparitions d’Emmanuelle Devos une véritable marque de fabrique et composera son œuvre aux côtés de cette actrice, alors filmée comme un véritable fétiche.
Mais la consécration d’Emmanuelle Devos se fera en 2002, lorsqu’elle recevra le César de la Meilleure Actrice pour le film de Jacques Audiard Sur mes lèvres. Elle y interprète avec brio une femme quelconque et malentendante, dont la sensualité et l’esprit se sauvage se révèlera au contact d’un malfrat interprété par Vincent Cassel. Jacques Audiard soulignera sans cesse ce qu’il appelle « l’incroyable expressionnisme de Devos » - et cet expressionnisme s’affichera dans d’autres objets cinématographiques inoubliables tels que l’Adversaire de Nicole Garcia, où Devos se fera victime de la folie meurtrière d’un Daniel Auteuil au sommet de son art.
Ou encore dans la brillante fantaisie d’Alain Resnais ; les Herbes Folles, aux côtés d’André Dussollier, Anne Consigny et Mathieu Amalric…
Entre temps, Emmanuelle Devos aura obtenu un second César pour son rôle dans Rois et Reines d’Arnaud Desplechin, puis un troisième pour son apparition dans le film Xavier Giannoli : À l'origine. Mais c’est également au théâtre, où elle fit ses premières armes, que l’actrice s’épanouira et se verra récompensée d’un Molière de la meilleure actrice pour son rôle dans Platonov de Tchekhov (2015). Elle sera également dirigée sur les planches par son ami d’école Francis Huster, mais aussi Ariane Mnouchkine, Louis-Do de Lencquesaing (croisé dans le premier film de Desplechin) ou encore Yasmina Reza. Comme le cinéma n’est jamais très éloigné, Emmanuelle Devos s’affichera aussi dans une mise en scène d’un texte de Victor Hugo par le cinéaste Christophe Honoré.
Autant de cinéastes que nous avons eu le plaisir de recevoir et d’interroger ces dernières années, nous encourageant alors à étendre la curiosité et nous entretenir à présent avec une des actrices les plus impressionnantes et surprenantes de sa génération, en témoigne son apparition remarquable et inattendue dans le dernier film de Philippe Faucon. Mardi 26 mars, Emmanuelle Devos, alors en préparation de son premier film en tant que réalisatrice, est venue répondre à nos questions au Gaumont les Fauvettes, avant d’introduire le chef d’œuvre d’Arnaud Desplechin : Comment je me suis disputé…(ma vie sexuelle) en version restaurée.
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