
CINÉASTES DU MOIS
SEP.20 | MARGAUX BASCH
FILM : I DREAMT OF U
LE MOT D'HORSCHAMP
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Il y a dans « I dreamt of U » la question de l'amour, de la distance, du numérique et des émotions humaines – nos âmes – à l'épreuve de la technologie. Il y a la question des dématérialisations, de la pixellisation de nos sentiments, de nos personnalités, de nos souvenirs et de nos pensées. Mais il y a aussi la question du voyeurisme. Cette vérité dérangeante, qui est celle de notre œil, systématiquement attiré par le l'écran de smartphone du voisin. Si seulement nous pouvions voir l'écran d'ordinateur de nos collègues, de nos amis, de nos amants... L'écran sonde nos coeurs et à travers le sien (qu'elle livre sans circonspection, sans pudeur) Margaux Basch nous offre de découvrir sa personne, de manière intrusive et privative. Confiante. Alors s'exerce une forme de fascination coupable, d'excitation quasi-glauque qui se matérialise par la monstruosité qui vient ponctuer ce morceau de vie et d'inconscient, transformé en film par le prisme de l'enregistrement et du montage. Des écrans partout. Du cinéma partout.
Margaux Basch a fait un master d'art numérique au National College of Art and Design de Dublin. « I dreamt of U » en était un projet d'étude. Elle avait étudié avant cela le cinéma à Paris 1 et eu une révélation en suivant les cours d'Eric Bouttier autour du cinéma expérimental. Margaux est toujours étudiante et entame cette année un master concepteur réalisateur de documentaire (INA-ENS Saclay).
Mathieu Morel
Directeur Artistique
LE MOT DE LA CINÉASTE
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Comment l’amour, un mélange de réactions chimiques et d’interactions tactiles peut-il voyager à travers le réseau et quel impact ce trajet a t-il sur la relation à deux?
Via les images et mots numériques (appels visuel, photographies, gif, emails, SMS, messageries instantanées...) l’être aimé est présent plus que jamais dans l'histoire de la correspondance amoureuse. Cependant, quelque chose manque. Dans ce processus de communication numérique son corps et son visage sont dégradés par les erreurs de connexion et inévitablement ils doivent être réduits et décomposés pour s’ajuster à l'écran.
Dans le même temps, les ordinateurs sont aujourd'hui capables de créer des êtres, des avatars, de plus en plus réalistes et capable de se mouvoir avec fluidité, de se déplacer dans un environnement 3D. Ces corps générés par l'ordinateur semblent alors plus réels et palpables que celui de l'être aimé, aplati et déchiré par la distance.
En unissant ces deux êtres, celui généré par la machine et celui qui émerge des images et mots que je reçois, peut-être, pourrais-je re-créer un être, entre humain et numérique, à nouveau complet, doté d’un corps et d’un esprit ?
Réalisatrice