Chorégraphe, cinéaste, pornographe, collectionneur, militant, Wakefield Poole est un magicien savant, créateur de fantaisies et amoureux des corps en mouvements, des illusions et des fantasmes.
Au début des années 50, il fut un jeune homme aventureux qui s’envola depuis Jacksonville pour rejoindre un New York, bouillonnant de créativité et d’avant-gardisme. Il y expose tout son talent sur les planches, s’offrant tout entier à la grâce des ballets et des scènes Broadway avant d’assister, éberlué, à la naissance de l’Art Pop et l’ascendance d’un certain Andy Warhol - pour qui il voue, encore aujourd’hui, une admiration sans bornes, partagé par l’artiste et créateur qui dira un jour : « Après les films de Wakefield Poole, les miens semblent inutiles et un peu naïfs, vous ne trouvez pas ? ».
Car c’est bien entendu sur les écrans et à travers la pellicule que Wakefield Poole trouvera de quoi donner corps à sa créativité et gagnera une renommée internationale, l’érigeant en pionnier du cinéma érotique et de l’image expérimentale. Un précurseur dans l’art de mettre en scène le corps des hommes et la sexualité.
A l’aube des années 70, Wakefield Poole, son amant Peter et leur caméra investissent Fire Island, NY, pour tourner ce qui deviendra le premier film pornographique gay doté d’un générique, capable de sortir de ses carcans, de s’exposer sur les écrans généralistes et d’atteindre le statut d’œuvre d’art. Boys in the Sand est un succès tel qu’il deviendra une véritable attraction pour les intellectuels, les bourgeois et les artistes New Yorkais qui se précipitent en salle et étoffent le succès inattendu de Wakefield Poole, des mois durant. Fort de ce succès, le cinéaste doublera cette prouesse en tournant Bijou. Objet de culte qui n’est pas seulement un film clé pour la culture porn et gay, mais un véritable chapitre dans l’histoire du cinéma expérimental et psychédélique. Le porno-chic est né et il élève le nom de Wakefield Poole au rang d’artiste fondateur. La pornographie naissante n’est pas encore dans le collimateur des censeurs et les films de Poole sont de véritables succès publique et critique.
Le cinéaste traverse alors le pays pour se rendre dans le berceau de la culture gay : à San Francisco, où il côtoiera l’histoire et ses grands mouvements, en compagnie d’Harvey Milk et d’une caméra qui lui permettront d’explorer à nouveau le fantasme viril de l’homosexualité et la fantaisie des corps qui vivent en lui et dans son imaginaire peuplé de religion, de Pop Art, d’images d’amour et de plaisirs.
Wakefield Poole tournera jusqu’à la moitié des années 80, avant d’abandonner la profession durant l’épidémie de sida, la censure virulente, l’industrialisation de la pornographie et la disparition définitive du porno-chic…
Aujourd’hui de retour à Jacksonville, Wakefield Poole, âgé de 83 ans, savoure une retraite au soleil et se remémore ses aventures à travers les révolutions visuelles et sexuelles du XXème siècle.
Vous étiez danseur et chorégraphe. Lorsque vous avez choisi de faire du cinéma, vous avez choisi de filmer les corps, la nudité, la sexualité. Qu’est-ce qui vous intéresse tant dans le corps humain, dans son utilisation et son mouvement ?
Etre danseur et chorégraphe a abouti à une chose : ma vie entière a été dédiée à l’utilisation et l’entrainement des muscles, qui amènent ensuite le bien être de l’esprit. Je crois que l’entrainement physique crée de meilleurs êtres humains, pour des raisons simples. Nous devons transmettre aux jeunes cette idée que chacun est responsable de sa propre vie et peut lui apporter la hauteur qu’il attend. Rien n’est gratuit… et la beauté du sacrifice se trouve dans l’engagement. L’engagement de l’esprit et l’engagement du corps. Je crois en cela. On récolte ce que l’on sème et découvrir ce résultat est toujours appréciable : art, superstar, sportif, danseur de ballet, tout ceci est le résultat d’un sacrifice du corps et c’est ce que j’ai constaté dans ma vie. Voilà pourquoi, l’idée du corps.
Peut-on comparer danse et sexualité ?
La danse est le meilleur moyen d’exprimer sa sexualité ! Je dirais même que c’est la base, c’est fondamental. Vous savez, dans les cultures primitives, la danse était un événement préliminaire aux nuits de noces. Il n’y a pas plus sexuel que la danse. Je pense même que le sexe et la danse ne sont qu’un. Vous connaissez le scandale du « Sacre du printemps », le ballet chorégraphié Nijinski, lors de sa première à Paris ? Il y eut un grand choc. Le théâtre fut envahi par un sens aiguisé et novateur de la sexualité, principalement dû à la partition de Stravinsky. Tout Paris était scandalisé au lendemain de cette représentation. Ça en dit long sur la comparaison.
Il y avait la danse mais aussi l’art moderne, le Pop Art, qui vous intéressait beaucoup. Vous avez choisi le cinéma. Pourquoi le cinéma ?
J’ai toujours eu beaucoup d’intérêt pour l’art en général. Je courrais les musées à travers le monde et mon œil a été exposé aux plus grandes œuvres et aux plus grands artistes. Mes gouts étaient très vite formés et je me laissais intriguer par ce que je considérais comme les préceptes de l’art : beauté du sujet, technique et choix des couleurs. C’est ainsi que je pensais, avant de mettre les pieds dans ma première exposition de Pop Art… Oldenburg, Lichtenstein, Johns, Rauschenberg, Dine et mon préféré, Andy Warhol. Comment avais-je pu passer à côté de ça ? Ce merveilleux nouveau mode d’expression ? J’étais si impressionné par cet art que je suis allé au Whitney Museum avec ma caméra. Et j’y ai filmé l’exposition Andy Warhol. Mon premier film. J’ai donné ce film à Andy pour son anniversaire et maintenant, mon film est au musée Warhol ! J’aime tant le Pop Art qu’après le succès de mon film Boys in the Sand, j’ai commencé à collectionner de nombreuses pièces. Croyez-le, j’avais une très belle collection ! Mais, pourquoi ai-je choisi le cinéma ? Et bien c’est très simple. Mon compagnon Peter m’avait offert une caméra 16MM de chez Bell & Howell. A l’instant même où mon regard a traversé la lentille, j’ai découvert que j’étais un voyeur, fondamentalement. J’ai senti la puissance de la lentille et avec elle, la puissance potentielle d’un cinéaste. Quand vous filmez, vous vous engagez dans un état constant de prise de décision. Décisions artistiques, décisions techniques, décisions humaines pour les acteurs. Tout s’est aligné : ce nouveau pouvoir, la danse, les corps, la lentille, l’art… Je devais faire des films érotiques, tout était raccord.
Vous avez très vite pensé à faire un film érotique. Est-ce que l’envie de proposer une œuvre pornographie « artistique » vous a motivé ?
J’ai commencé en faisant des installations multimédia pour la Triton Gallery, un cinéma et galerie d’affiches à New York. J’ai rencontré un certain succès et gagné une solide réputation en tant que cinéaste. Un jour, j’ai vu un très mauvais film gay au cinéma Park Miller… C’était les prémices. Et je me suis dit : « est-ce que quelqu’un est capable de faire un joli porno, qui aurait autant de respect pour ses acteurs que pour ses spectateurs ? ». Pour répondre à la question, j’ai sorti ma carte de crédit et pris la décision de faire un film expérimental d’une vingtaine de minutes. J’ai eu ma réponse. C’était possible. C’était possible parce que je l’ai fait. Toutes les personnes ayant assistés aux projections étaient unanimes ; nous tenions quelque chose et devions l’étendre et le peaufiner pour le transformer en un long-métrage. J’ai pris mon manager pour partenaire et producteur dans cette aventure. Il y a cru, il m’a suivi, nous avons ajouté deux segments à ce premier essai. Nous avons respecté les acteurs et surtout, le public gay. Le reste est de l’Histoire. Nous avions Boys in the Sand.
Pourquoi pensez-vous qu’il soit difficile pour les gens d’associer le sexe et l’art (hier comme aujourd’hui) ? Et pourquoi y a-t-il si peu d’artistes, tels que vous, qui élèvent la sexualité, crue, au rang d’œuvre artistique ?
C’est l’éternelle question. Jusque dans les années 40, il n’y avait aucun problème à associer le sexe et l’art. Quelque chose a dû se produire durant la deuxième guerre mondiale. Soudainement ils se sont dit : « ok, ce type d’art peut-être beau mais néanmoins, il est sale ! et il ne doit pas être vu. Ce doit être interdit ! » C’est donc devenu interdit. Il y a eu des lois. Je ne sais pas qui sont les « ils » dont je vous parle, mais ils se sont fait entendre et ils ont généralisé un standard qui leur était propre. Moi je suis arrivé près de 20 ans après et j’ai décidé de casser ce standard. Le secret est très simple pour élever la sexualité au rang d’œuvre artistique : ne rien mettre dans votre film qui pourrait faire frémir… et si vous le faites quand même, rendez-le BEAU !
Vos films ont été beaucoup vus, en dehors des circuits gays ou pornographiques. Qu’est-ce qui a fait la différence ?
Ce qui a fait une différence, et pas des moindre, c’était Boys in the Sand. Le bouche à oreille et la presse généraliste ont donné à mon film une grande visibilité, une carte d'accès. Alors, les gens ont commencé à me faire confiance pour déterminer avec eux ce qui était moral ou non. Au final, les gens peuvent tout voir, si c’est bien fait.
Quel rapport entretenez-vous à l'obscénité ?
L'obscénité, c’est avant tout un état d’esprit. Si vos acteurs ont réellement envie d’avoir des relations sexuelles ensemble et que vous leur offrez la liberté de le faire avec plaisir, l’action sera réelle. Et dans la réalité, le sexe n’est pas vulgaire. On encadre les choses simplement : on prépare la scène, on fait en sorte que les acteurs se sentent en sécurité, on ferme sa gueule et on filme. Des gestes simples qui ont toujours fonctionné pour moi.
Est-ce la fantaisie qui habite vos films qui a permis au public de ne pas les voir comme sordides ?
Oui et non. C’est un peu comme pour la vulgarité dont nous venons de parler. S’il y a de la confiance et du respect de tous les côtés, comment cela pourrait-il être sordide ? Les choses ne sont sordides que si on le souhaite vraiment. Mais bien sûr, la fantaisie aide sûrement beaucoup !
Le sexe inspire l’art. Est-ce que l’art peut-inspirer le sexe ?
Est-ce qu’on peut répondre précisément ? Je crois que beaucoup de gens ont éveillé leur sexualité à travers l’art… La question serait de savoir comment définir l’art ? Mais si cela parle à quelqu’un de voir le sexe comme un art, ou d’inspirer ses pratiques sexuelles grâce à l’art, alors je pense que le sexe est un art. Mais toutes ces significations dépendent de chacun.
Pour faire des films comme les vôtres, comment choisit-on ses acteurs ? Est-ce que les critères sont purement esthétiques ?
Généralement, je m’entretiens longuement avec mes acteurs. Dans certains cas, je fais un test filmé pour l’habituer à la présence de la caméra, en circonstance. Mais dans la plupart des cas, mes acteurs étaient totalement inexpérimentés. Pour tout vous dire, c’étaient surtout des potes qui avaient envie de jouer dans un film porno !
Y a-t-il une différence dans le fait de diriger un acteur dans une action sexuelle et dans une action plus « standard » ?
Je ne veux pas trop diriger l’action sexuelle. J’ai plusieurs fois casté mes acteurs en fonction du fait qu’ils soient actifs ou passifs par exemple. J’essayais d’avoir une sorte de contrôle. Généralement ça se traduisait par des performances ennuyeuses. Comme je le disais avant, il faut qu’ils en aient envie et les choses se font alors d’elles-mêmes. Ma caméra s’adapte. Je veux un véritable apport et une énergie créative de la part des acteurs.
Comment définiriez-vous le travail de cinéaste ? Qu’est-ce qu’un bon cinéaste ?
Un bon cinéaste, c’est celui qui est capable de communiquer clairement ses intentions à son casting. C’est celui qui est capable d’obtenir, coute que coute, la vision qu’il entretenait de son film.
Le travail de l’artiste est souvent de donner vie à son imagination - est-ce que ce sont vos fantasmes que vous avez offert au public ?
Parfois. Mais ce ne sont pas nécessairement mes propres fantasmes que j’avais l’intention de livrer aux spectateurs. En fait, la plupart du temps, je suis allé extraire les fantasmes de mes acteurs. J’ai l’esprit très ouverts concernant les fantasmes des autres ! C’est souvent très amusant.
À quel point pensez-vous que les gens ont tendance à brider leur imagination ?
Totalement ! C’est pour ça que nous faisons des films.
Et d’une certaine manière, c’était le sujet de votre film Take One…
Absolument. Le concept de mon film Take One était de demander aux acteurs de me raconter l’un de leurs fantasmes sexuels. Ensuite, nous le faisions en film ! C'était une expérience de confiance. Débrider son imaginaire, c’est une simple affaire de confiance. D’abord en ses partenaires, mais aussi en soi.
Bijou est un film qui a été qualifié de film pornographique, film psychédélique, film expérimental. Comment le décririez-vous ?
Bijou est totalement expérimental. Mais en effet, il est aussi pornographique et psychédélique. Moi je dirais que c’est avant tout un hommage. Un hommage rendu aux formes masculines. A l’origine, je le voyais aussi comme un film psychologique, une manière d’explorer quelque chose dans l’inconscient des personnages… Tous les personnages ont été minutieusement développés, je voulais découvrir et comprendre leurs angoisses, leurs désirs et leurs tendances personnelles. C’est une exploration psychologique qui se passe de mots. Je n’ai pas utilisé de formes dialoguées. Il n’y a que des images ! Bijou était un pari plutôt risqué. Mais ça a payé.
Que pensez-vous de la pornographie aujourd’hui ? Pourquoi ne parle-t-on plus de « porno chic » ?
J’ai 83 ans et je suis célibataire, encore. Je ne regarde plus de pornographie. C’est devenu tellement stéréotypé… Les réalisateurs d’aujourd’hui demande des choses précises à leurs acteurs, ils leurs disent quoi faire. Comme nous en parlions plus tôt, ils engagent les types en fonction de leurs mécanismes : actifs, passifs, ce genre de trucs. Ce n’est pas du tout créatif ! C’est juste du gain de temps, comme pour tout… Le porno chic définit quelque chose qui est né avec Boys in the Sand et qui n’a existé qu’au début des années 70. C’était le résultat d’une volonté de faire des films, pas seulement de la pornographie, une volonté de la part de certains cinéastes. Le porno chic était un travail d’apprentissage. Des films comme Boys in the Sand donc, mais aussi Deep Throat, Kansas City Trucking Co., et Bijou. Tous ces films ont fait un véritable effort pour offrir quelque chose en plus. Le porno chic, c’était une manière de faire accepter que, à compter de cet instant, tout le monde pouvait regarder du porno et qu’il n’y avait rien de grave à ça.
Quel conseil donneriez-vous à un cinéaste qui souhaiterait filmer la sexualité et détourner les stéréotypes dont vous parlez ? Créer quelque chose de différent ?
Mon conseil pour ces courageux cinéastes est de fournir quelque chose de réel. C’est comme je le disais : trouvez des acteurs qui ont vraiment envie de coucher ensemble et je vous assure que le résultat sera bien plus chaud. Ça ne marche que comme ça et c’est la seule condition pour faire de la pornographie une bonne expérience pour tout le monde : acteurs, cinéastes et spectateurs.
Avant d’autres artistes comme Derek Jarman ou Pier Paolo Pasolini, vous avez détourné l’imagerie classique de la religion pour en donner votre propre vision, assez érotique. D’où est venue cette envie ?
Vous savez, certains critiques ont décrit Bijou comme une expérience religieuse. J’en suis très heureux parce que c’était tout à fait mon intention. Donc cette volonté de spiritualité était déjà là d’une certaine manière. Mettre en scène la bible était une étape supplémentaire, pas une idée en soi.
La sexualité, la religion. Evoluer et travailler sur ses sujets, à l’époque où vous l’avez fait, demandait-il un certain courage ?
A l’époque oui. Aujourd’hui encore. Demain aussi. Chaque fois que vous traiterez de la religion dans un film, cela demandera une once de courage. D’autant plus si vous souhaitez y apporter de l’humour et de l’érotisme. En fait, les gens n’ont aucun sens de l’humour lorsqu’il s’agit de religion. Parce que l’humour s’oppose à la peur et que la peur est l’ingrédient le plus important, à la fois dans la promotion de la religion et dans la lutte contre la pornographie !
Avez-vous rencontré des difficultés liées aux sujets que vous avez traités ?
Avec la Bible on peut dire que oui. Lorsque nous avons sorti Wakefield Poole’s Bible, il n’y a eu que des problèmes ! Même avec les annonces que nous voulions publier dans les journaux… Le New York Times exigeait que l’on modifie toute l’imagerie de notre promotion, une autre manière de gâcher tout ce que nous avions investi… Bien sûr, le film a fini par trouver sa place tardivement, notamment sur le marché du DVD. Certes, nous ne récupérerons jamais l’argent que nous avons mis dans la création de ce film, mais au moins, il a trouvé son public.
Vos films ont eu un impact sur la communauté homosexuelle et sur la manière dont elle était vue. Notamment Boys in the Sand. Aviez-vous conscience de faire un film engagé ? Est-ce qu’un film peut réellement avoir le pouvoir de changer les choses ?
Avec Boys in the Sand, mon intention était de faire un film que serait vu par les homosexuels, mais aussi par les hétérosexuels. De cette manière, les hétéros découvriraient la sensualité de ces pratiques et les verraient d’un autre œil. C’est leur regard sur l’homosexualité qui changerait. Le film a été un énorme succès à NY et il y avait toute sorte de gens dans la salle. Donc de ce point de vue, j’ai réussi. Ensuite il y a eu Bijou, qui a reçu en 1972 le prix du meilleur film porno décerné par Screw Magazine ! Devant Deep Throat, qui était pourtant un film hétéro. Vous comprenez ce que cela implique ? Et je ne parle même pas de l’impact que ça a pu avoir sur les jeunes gays, la manière dont cela a pu les aider à se décomplexer. Alors oui, parfois un film peut faire quelque chose de bien.
Avez-vous déjà pensé à refaire du cinéma ? A expérimenter de nouvelles techniques à mettre au service de votre talent et de votre imagination ?
Non, je ne pense jamais à refaire un film. Mes films étaient organiques, des extensions de moi-même, de ce que j’étais à l’époque. Ils faisaient partie de moi, de mon entourage, de mes amis. Et maintenant, la plupart de ces amis sont morts où vivent très loin ; à New York, en Californie. Trop loin de Jacksonville ! Ma vie est maintenant faite de choses différentes. Le comble de l’excitation pour moi maintenant, c’est de me faire défoncer à une de mes parties de bridge hebdomadaires ! Mais je suis content de ma vie. Fier de mon héritage.